Canada's NDP

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29 janvier 2018

Déclaration du NPD à l'occasion du 1er anniversaire de la tuerie à la mosquée de Québec

Le chef parlementaire du NPD, Guy Caron, a fait une déclaration à la Chambre des communes à l'occasion du 1er anniversaire de la tuerie à la mosquée de Québec.

Aujourd’hui, 17 enfants sont orphelins. 17 enfants sont orphelins à cause de la haine. 17 enfants sont orphelins parce que leurs pères ont été tués, tout simplement parce qu’ils étaient musulmans.

Le 29 janvier 2017, Khaled, Azzedine, Aboubaker, Mamadou, Ibrahima, Abdelkrim, et des dizaines d’autres, se sont rendus à la grande mosquée de Québec.

C’était un soir d’hiver comme les autres. Paisible.

Mais ce soir-là, un acte terroriste a changé leurs vies – nos vies – à jamais. Il y a un an, l’islamophobie a changé des vies pour toujours, dans la ville de Québec, et partout au Canada.

La tuerie à la grande mosquée de Québec est le pire attentat terroriste, au Québec, depuis la tuerie de l’École polytechnique de Montréal de 1989, qui avait tué 14 étudiantes et blessé 14 autres. Des victimes ciblées tout simplement parce qu’elles étaient des femmes. Il y a eu un avant, et un après Polytechnique. Il y a maintenant un avant, et un après Mosquée de Québec.

Depuis un an, beaucoup de choses ont été dites, beaucoup de choses ont été écrites. Les morts ont été pleurés, leurs vies ont été honorées. Et nous les honorons, encore aujourd’hui. Mais ce n’est pas suffisant de les honorer. Nous devons nous engager à lutter contre l’islamophobie, pour nous assurer que personne d’autre n’est mis en danger par la haine.

Aujourd’hui, en cette journée de commémoration, nous devons nous demander : est-ce que des leçons ont été tirées? Est-ce que les discours ont changé? Est-ce que le ton a baissé? La vérité, c’est que les gestes haineux n’ont pas cessé, surtout en ligne. Surtout sur les réseaux sociaux. Le harcèlement dans la rue – ciblant surtout des femmes musulmanes – continue. Et des gestes violents ont lieu, encore trop souvent. N’oublions pas que cet été, la voiture du président du Centre culturel islamique de Québec a été incendiée devant sa résidence.

L’intimidation des jeunes de confession musulmane, elle, se poursuit. Comment vont-ils s’épanouir dans cet environnement de méfiance perpétuelle à leur égard? Ces jeunes vivent dans le vrai monde et ne peuvent fermer les yeux sur le racisme qui sévit autour d’eux. Le Devoir indiquait la semaine dernière que près de 250 crimes haineux ont été rapportés en 2017, à Montréal seulement. C’est presque un par jour, à Montréal seulement. Et nous savons qu’un grand nombre de crimes haineux passent sous silence.

Le silence est le refuge habituel de ceux et celles qui en ont assez de la haine. Puisque la haine est devenue si courante dans notre société, trop de gens décident de faire la sourde oreille. Mais c’est comme cela que la haine prend le dessus. Et c’est pourquoi, nous, les parlementaires, avons la responsabilité toute particulière de prendre la parole.

La haine a toujours trouvé ses cibles. Elles ont tantôt été irlandaises, juives, italiennes. Elles sont aujourd’hui musulmanes, arabes. Et demain, qui sait? L’histoire nous regarde.

Je suis un homme blanc. En tant qu’homme blanc, j’ignore ce que c’est que de faire face au racisme. Je ne serai jamais victime d’actes xénophobes. Mais certains de mes voisins, amis, citoyens de ma circonscription, collègues députés et membres de notre personnel le seront. Des membres de ma famille ont vécu du racisme. Il faut nous lever et dire : « Nous ne nous habituerons pas à cela. Nous ne fermerons pas les yeux sur cette haine. Nous la confronterons. Nous la dénoncerons. Et nous travaillerons pour mettre un terme à la haine. »

Il y a de l’éducation à faire. Parce que le racisme ne tombe pas du ciel. Le racisme s’immisce où il peut. Il prend racine dans l’espace qu’on lui laisse, et certains lui donnent de l’engrais. Ça prend des outils solides pour s’en débarrasser. C’est un travail de longue haleine. Parce qu’il faut le reconnaître : le racisme est tenace. Nous avons une responsabilité comme élus. Nous avons une responsabilité de prendre conscience du poids des mots, du poids de nos mots. Des messages que nous envoyons. De l’écho qu’ils ont.

Au lendemain de la tuerie à la mosquée de Québec, 6 000 personnes se sont rassemblées à Québec et 15 000 personnes à Montréal, et des milliers d’autres dans des communautés partout au Canada, pour témoigner de leur solidarité envers les familles touchées. Pas seulement pour commémorer la tragédie, mais pour dénoncer le racisme, l’islamophobie et le populisme haineux. Ces milliers de personnes rassemblées, chandelles à la main par un froid glacial, elles nous montrent la voie à suivre. La voie de la solidarité devant la division. La voie de la rencontre, de l’ouverture, plutôt que la méfiance qui ne tient à rien, autrement qu’à la méconnaissance.

Des rassemblements auront lieu ce soir encore : à Québec, Montréal, Ottawa, Guelph, Kitchener, Hamilton, Toronto, St-Catherines, London, Yarmouth, Halifax, Winnipeg, Saskatoon, Calgary, Vancouver, Surrey, Victoria.

Les gens se rassemblent, côte à côte, pour se souvenir, pour partager la même douleur et pour partager le même espoir d’un avenir meilleur. Pour citer notre chef Jagmeet Singh : « Nous sommes tous unis. » Peu importe la couleur de notre peau, nos croyances, notre identité de genre, notre lieu de naissance ou les vêtements que nous portons.

La dignité rassemble toutes les religions, toutes les couleurs de peau, tous les genres. La dignité humaine n’a pas de frontière. Aujourd’hui, 17 enfants sont orphelins à cause de la haine.

Des survivants et des survivantes relèvent la tête.

Mais comme société, nous sommes unis dans notre détermination à combattre les forces de la haine. Ensemble, léguons un monde de paix à la génération qui suit. Un monde, où tous et toutes ont leur place. Ensemble, luttons contre les inégalités qui nous divisent. Ensemble, jetons de l’eau sur les braises de l’intolérance. Parce que tout le monde mérite de vivre en paix. Parce que tout le monde a le droit de voir ses enfants rire, courir, découvrir la vie, et grandir.

Aujourd’hui, nous nous rappelons pourquoi il est si important de nous unir contre toutes les formes de haine. Comme l’a dit notre chef Jagmeet Singh, nous devons mettre de l’avant des politiques d’amour pour contrer les politiques de haine qui s’intensifient.

Et nous avons besoin de politiques courageuses pour combattre les politiques de la peur.