Canada's NDP

Skip to main content

28 septembre 2012

Bâtir une économie équilibrée et digne du 21e siècle

Discours du Thomas Mulcair au Canadian Club of Toronto

Ça me fait plaisir d’être ici aujourd’hui pour discuter des moyens que nous allons mettre en œuvre, ensemble, pour construire une économie forte et équilibrée, une économie digne de notre siècle.

Mais tout d’abord, j’aimerais vous présenter des excuses.

Je constate que Lloyd Blankfein de Goldman Sachs a pris la parole ici pas plus tard que la semaine dernière. Alors, je dois m’excuser auprès de ceux qui devront entendre essentiellement le même discours deux fois.

Lloyd et moi n’hésitons pas à emprunter les arguments économiques, l’un de l’autre, et nous le faisons depuis des années déjà. C’est clair : Lloyd exécute vraiment le « travail de Dieu ».

Sérieusement, j’ai lu un court article au sujet du discours que Lloyd Blankfein a prononcé ici. Comme certains d’entre vous le savent, ses commentaires ont fait ressortir la nécessité d’une meilleure répartition de la richesse dans notre société.

Alors, peut-être que nos discours ne seront pas aussi différents que vous pourriez le penser.

Je suppose que plusieurs d’entre vous pensent avoir, à des degrés divers, une assez bonne compréhension de la vision économique du NPD. Pourtant, je suis certain qu’il y a plusieurs aspects de notre bilan qui peuvent vous surprendre.

Par exemple, selon Statistique Canada, c’est le NPD qui a présenté le plus de budgets équilibrés, quand on combine tous les budgets aux paliers fédéral, provincial et territorial. Ce n’est ni les libéraux, ni les conservateurs.

Et c’est un gouvernement néo-démocrate, au Manitoba, qui a réduit le taux d’imposition des petites entreprises à son niveau le plus bas au pays : zéro pour cent. Soit dit en passant, c’est aussi au Manitoba qu’on peut trouver l’un des plus bas taux de chômage du pays.

J’aimerais donc vous présenter aujourd’hui un portrait plus complet de la vision du NPD en matière d’économie, un portrait que vous ne connaissiez peut-être pas auparavant.

Dans le moment, notre économie affronte des défis comme nous n’en avons pas vu depuis la Grande Dépression.

Au cours des 10 dernières années, nous avons perdu plus de 500 000 emplois de qualité dans le secteur manufacturier, des emplois avec une pension à la clé et dont les salaires sont suffisamment élevés pour subvenir aux besoins des familles.

Après plus d’une décennie de surplus commerciaux, le déficit de la balance courante de notre pays s’élève à 50 milliards de dollars par année.

La dette des ménages atteint des sommets inégalés. L'augmentation de notre productivité est à son plus bas. Et, bien sûr, l’économie mondiale est dans un état d’incertitude sans précédent.

Mais j’aimerais commencer en abordant un sujet qui est plus près de nous.

J’ai passé beaucoup de temps à parcourir le sud de l’Ontario dernièrement…À rencontrer les membres des Chambres de commerce, des gens d’affaires, des représentants syndicaux, des leaders communautaires, des maires et des conseillers municipaux dans plusieurs des grandes villes de la région.

J’ai eu l’occasion de parler de la vision d’avenir de notre parti, mais aussi d’écouter, d’apprendre quels sont les défis auxquels nos communautés font face. Et je n’ai pas besoin de vous dire qu’elles font face à de vrais défis.

Quand une usine ferme ses portes dans le sud-ouest de l’Ontario, il faut évidemment penser aux familles qui perdent leur gagne-pain. Mais il fait aussi penser à la ville qui perd une grande partie de ses revenus, aux commerçants locaux qui perdent une grande partie de leur clientèle...

Présentement, à Hamilton, St. Catharines, Niagara, Brantford, London, Windsor, Oshawa et, oui, même ici à Toronto, le taux de chômage dépasse la moyenne canadienne.

Le moteur économique du sud de l’Ontario est frappé par la tempête du siècle : une concurrence plus féroce de l’étranger, un dollar canadien artificiellement élevé (sujet que je vais aborder un peu plus tard), sans compter la pire récession économique en plus de 80 ans.

J’ai parlé très franchement aux dirigeants que j’ai rencontrés dans le sud de l’Ontario, comme j’ai l’intention de le faire ici aujourd’hui. Ce n’est pas le temps de reculer devant les difficultés.

Il serait naïf de se dire que cette tempête va passer avec le temps, comme d’autres l’ont fait avant elle.

Le monde a changé au cours des 30 dernières années. Il est plus compétitif que jamais, plus interconnecté que jamais. Les défis devant nous sont plus graves que jamais. Et, même si ces défis sont alimentés par des forces mondiales…Ça ne veut pas dire que nous n’avons pas le pouvoir d’agir.

Notre plus grand défi au Canada, ce n’est pas un manque de compétences, mais un manque de leadership.

Par contre, si nous travaillons ensemble, si nous sommes prêts à faire face aux problèmes, nous allons réaliser que notre avenir continue d’être en grande partie entre nos mains.

Il y a environ un an, l’ancien économiste en chef de la Banque TD, Don Drummond, a publié un article ayant pour titre : « Confessions of a Serial Productivity Researcher ».

M. Drummond reconnaît deux principes de base. Premièrement, que la productivité est la clé de notre avenir économique. Et, deuxièmement, qu’en 20 ans, les politiques gouvernementales coûteuses qui ont été mises en place pour améliorer notre productivité ont échoué lamentablement

Bien entendu, M. Drummond a raison : nous savons tous que la productivité est essentielle pour avoir de meilleures perspectives économiques. Et nous avons tous vu les données : au cours des dix dernières années, la productivité canadienne a augmenté de moins que 1%.

Un bilan catastrophique.

C’est facile pour les têtes dirigeantes du monde des affaires et de la politique de se plaindre du fait que le Canada prend du retard en matière de compétitivité et de productivité. Mais allons plus loin, et demandons-nous ce qu’on compte faire pour y remédier.

Don Drummond recommande aux entreprises canadiennes de faire un examen interne pour trouver des explications, de remettre en question leurs processus de prise de décisions.

Mais je crois que nous devons aussi reconnaître que notre économie est plus que l’addition de ses différentes composantes, beaucoup plus que le produit des décisions individuelles du gouvernement et du milieu des affaires.

La productivité en elle-même est le résultat d’interactions complexes entre une variété de facteurs économiques. Les économistes parlent « d’effets d’entraînement », « d’effets de réseau » et « d’effets de grappe » pour décrire ces réalités complexes.

Mais n’importe quel travailleur de l’automobile du sud de l’Ontario pourrait vous les expliquer tout aussi bien.

Il y a 30 ans, quand un jeune décrochait un emploi pour nettoyer les planchers dans une usine de pièces d’auto, à Windsor ou a Cambridge… Il savait qu’il avait toutes les chances de travailler dans la même usine une trentaine d’années plus tard. Et l’employeur le savait aussi.

La loyauté que les entreprises avaient envers leurs employés à cette époque-là, une loyauté qu’exigeaient les travailleurs, donnait un avantage économique à l’employeur qui souhaitait investir dans sa main-d’œuvre.

Celui qui commençait par balayer les planchers pouvait espérer travailler à la chaîne d’assemblage, pour ensuite apprendre un métier spécialisé. Certains pouvaient même aller jusqu’à occuper un poste de direction.

La réalité n’est plus la même pour les jeunes d’aujourd’hui. La plupart d’entre eux vont occuper une douzaine d’emplois différents au cours de leur vie.

Les patrons, qui n’auraient pas hésité à vanter la taille de leur entreprise autrefois, voient la réduction du personnel comme un quelque chose d’essentiel à la bonne marche des affaires de nos jours.

Et quelle entreprise va investir dans un travailleur, sachant qu’il pourrait bien se retrouver au service d’un concurrent quelques années plus tard?

Il faut aussi se poser la question :

À savoir pourquoi notre gouvernement donne des millions de dollars en cadeaux à des entreprises qui créent des emplois instables et précaires, plutôt que de travailler avec les entreprises qui investissent dans le perfectionnement de nos travailleurs?

Les politiciens trouvent peut-être que c’est rentable d’un point de vue politique d’organiser des séances de photos pour remettre des chèques géants de plusieurs millions de dollars?

Pourtant, ce genre d’opération ne réconforte personne quand une usine ferme ses portes et qu’une communauté est dévastée.

Rappelez-vous la dernière élection, avec les photos de Stephen Harper à Electro-Motive Diesel à London.

Quelques mois seulement après avoir reçu un chèque de 5 millions $ au beau milieu d’une élection, l’entreprise a annoncé à ses employés, incluant plusieurs qui étaient à son service depuis plus de trente ans, qu’ils devaient accepter une réduction salariale de 50 %, sans quoi les activités seraient déménagés aux États-Unis.

Ils l’ont accepté, mais l’usine d’Electro-Motive à London a quand même été fermée.

L’expérience nous montre que nous pouvons adapter l’aide gouvernementale aux besoins des entreprises et de notre économie en général.

Ici même à Toronto, il y a une industrie du film et de la télévision qui croît à un rythme de 25 pour cent par année, plus que le double de la croissance économique de la Chine continentale.

Vous allez me dire que ce n’est qu’une industrie parmi tant d’autres, et qu’il y en a toujours certaines qui croissent plus rapidement. C’est vrai.

Mais ce qui fait du film et de la télévision un exemple si intéressant, c’est que cette industrie existe depuis des générations.

Il n’y a aucune raison prévisible pour une croissance aussi forte et soudaine.

Et cette croissance ne peut pas s’expliquer par une plus grande demande, une demande qui, ici à Toronto, dépasse largement celle de l’industrie en général, même quand le dollar canadien est égal ou supérieur au dollar américain.

Alors, comment expliquer qu’une industrie aussi vieille que celle de l’automobile ait réussi un virage aussi important et aussi positif?

C’est grâce au partenariat conclu entre l’industrie, les syndicats et le gouvernement : un partenariat qui a donné des résultats.

Durant des décennies, Hollywood et New York ont détenu un quasi-monopole sur la production de films et de séries télévisées. Pas parce que ces villes convenaient parfaitement à la production, mais parce qu’elles avaient « l’avantage des premières arrivées ».

Elles étaient les seules en Amérique du Nord à posséder la masse critique de comédiens, d’équipes de production et de gestionnaires aptes à créer des produits de distinction internationale.

Mais plus maintenant.

Après des années d’investissements privés, de perfectionnement de notre main-d’œuvre et d’incitatifs publics sous forme de crédits d’impôt, l’industrie canadienne du film et de la télévision connaît un succès considérable. Une industrie qui a la taille, l’expérience et le talent nécessaires pour faire concurrence aux meilleures de partout dans le monde et qui contribue à hauteur de cinq milliards par année à l’économie canadienne.

Autrefois considérées comme des villes de troisième classe, Toronto et Vancouver sont maintenant choisies en troisième et quatrième places par l’industrie du divertissement en Amérique du Nord.

Et les investissements modestes faits il y a quelques années vont nous offrir des retombées pendant plusieurs dizaines d’années.

Ce n’est pas la seule histoire du genre.

Nous avons vu le même scénario se produire plusieurs fois dans le passé.

Des investissements en éducation qui ont donné naissance à des compagnies comme RIM et Nortel, des investissements dans les infrastructures qui ont permis au sud de l’Ontario d’occuper une place de choix dans l’industrie de l’automobile.

Ces naissances d’industries avaient une chose en commun :

Une vision à long terme. Un engagement de la part de nos dirigeants à investir dans notre avenir économique d’une manière qui convienne à la fois aux entreprises et à l’ensemble de la population.

Il est triste de constater qu’aujourd’hui, alors que nous aurions besoin d’une vision d’ensemble, le gouvernement actuel nous offre seulement des politiques à court terme.

Plutôt que de créer des partenariats avec le monde des affaires et les syndicats, plutôt que d’agir et de faire preuve de leadership, le gouvernement se contente malheureusement de faire la leçon aux autres et de se décharger de ses responsabilités.

Il dit à l’Europe de mettre de l’ordre dans ses affaires, mais tente de bloquer les efforts internationaux pour résoudre la crise de la dette.

Il fait la leçon aux premiers ministres des provinces, mais refuse de participer au Sommet économique national organisé cet automne.

Et il fait même la leçon à Bay Street.

Il y a un mois à peine, le ministre des Finances du gouvernement conservateur a déclaré, et je cite : « À un certain moment, ce n’est plus au gouvernement qu’il revient de stimuler l’économie, c’est au secteur privé et il a de gros capitaux. »

Je partage l’inquiétude de M. Flaherty en ce qui concerne l’accumulation des liquidités dans les coffres des grandes entreprises.

Mais, contrairement à lui, il ne m’intéresse pas de prêcher dans le désert. Il ne m’intéresse pas de faire la leçon aux gens d’affaires. Ce qui m’intéresse, c’est d’utiliser les leviers économiques à notre disposition pour relancer notre économie, de mettre en place des incitatifs qui encourageront l’industrie canadienne à investir, et de travailler ensemble pour bâtir un nouveau partenariat économique.

Le manque de vision du gouvernement Harper est lourd de conséquences.

Notre pays est en train de replonger dans un climat d’incertitude économique parce qu’il rate toutes les occasions de croissance économique.

On le voit clairement dans l’échec complet du gouvernement à appliquer les règles les plus élémentaires du développement durable.

La plupart des industries savent que la question des changements climatiques ne pourra pas être balayée sous le tapis à tout jamais. Éventuellement, les entreprises devront s’adapter, comme elles l’ont fait à d’autres moments dans le passé, pour répondre aux objectifs du développement durable.

Ce dont l’industrie a besoin présentement, c’est de cibles claires.

Vous m’avez probablement entendu parler du principe du « pollueur-payeur ». C’est un principe sur lequel la grande majorité des Canadiens s’entendent, peu importe la région du pays qu’ils habitent.

Mais Stephen Harper permet à une poignée d’industries influentes de se servir de notre air, de nos terres et de notre eau comme d’un dépotoir.

Dans plusieurs cas, ils échouent même à faire respecter les lois environnementales que nous avons déjà : la Loi sur la protection des eaux navigables, la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, et la Loi sur les pêches.

Imaginez, un instant, un propriétaire de manufacture qui se réjouit des profits anticipés de son entreprise pour l’année à venir.

Il vous montre les chiffres et tout paraît acceptable. Jusqu’à ce que vous visitiez l’usine…

Vous constatez que le propriétaire déverse tous les déchets provenant de son usine dans la rivière qui se trouve derrière, plutôt que de payer 90 dollars la tonne pour en disposer dans un site d’enfouissement sanitaire.

Rapidement, vous allez vous rendre compte que son exercice comptable ne tient pas la route, parce ce que ses coûts de production n’incluent pas les coûts réels. Tout profit réalisé sous un modèle d’affaires comme celui-là est artificiel.

Mais M. Harper a laissé faire ce genre de pratiques au Canada, au point d’en faire un problème à grande échelle aujourd’hui.

Ce n’est pas seulement une mauvaise politique environnementale, c’est aussi une mauvaise politique économique.

Pour empirer les choses, le gouvernement de Stephen Harper verse des milliards de dollars en subventions directes et indirectes à certaines de nos industries les plus polluantes.

Ces subventions, combinées à la hausse des prix des matières premières, ont entraîné une augmentation artificielle du dollar canadien, qui étouffe nos entreprises exportatrices.

Ce n’est donc pas seulement le secteur manufacturier, mais toutes nos exportations qui écopent.

La contribution à l’économie du secteur manufacturier, de l’industrie forestière et des pêcheries a chuté de près de 40 pour cent au cours des dix dernières années. Pendant que celle des industries d’extraction, le pétrole et le gaz en tête, a bondi de près de 70 pour cent.

On est en train de déstabiliser l’économie diversifiée que le Canada a mis des décennies à bâtir depuis la Seconde Guerre mondiale.

Et je ne suis pas le seul à le dire. En juin, l’OCDE a admis qu’un dollar artificiellement élevé nuisait à l’économie et affaiblissait notre capacité à créer des emplois à valeur ajoutée.

Et nous ne pouvons pas créer de la richesse dans certains secteurs au détriment des autres et dans certaines régions au détriment des autres.

Présentement, les entreprises qui exploitent les sables bitumineux paient les prix du Western Canada Select pour le pétrole brut et synthétique produit en Alberta, pendant que l’Est du Canada importe du pétrole Brent au coût additionnel de 40 dollars le baril.

Contrairement aux attentes de plusieurs, le NPD a donné son appui aux propositions visant à augmenter la capacité de l’oléoduc ouest-est.

C’est une initiative de l’industrie qui a l’avantage de générer des retombées dans toutes les régions du pays : de nouveaux marchés pour les producteurs de l’Ouest, des emplois à valeur ajoutée qui sont bien payés, et de l’énergie moins chère dans l’Est.

C’est le genre de solutions pleines de bons sens que nous voulons : des solutions gagnantes pour le milieu des affaires, qui créent de l’emploi tout en renforçant la sécurité énergétique de notre pays. Au final, c’est le genre de solutions qui vont nous permettre de léguer autre chose que des dettes aux prochaines générations.

Malheureusement, M. Harper exploite nos difficultés à des fins purement partisanes, pour faire avancer sa vision idéologique et déformée de la réalité.

Plutôt que de réfléchir dans une perspective à long terme, M. Harper a décidé de couper dans les services et les prestations aux Canadiens : les transferts aux provinces en matière de santé, la Sécurité de la vieillesse, l’assurance-emploi.

M. Harper justifie ces mesures en insistant sur le fait que, dans l’optique de préserver nos précieux services, nos devons y mettre la hache.

Or, la classe moyenne peine déjà à joindre les deux bouts.

Au cours des 35 dernières années, le revenu après impôts a considérablement augmenté pour les 20 pour cent des plus fortunés, mais diminué pour tous les autres.

En fait, ce que M. Harper sous-entend en réalité, c’est que nous devons nous contenter de moins, que nos enfants doivent se contenter de moins.

Mais si nous continuons dans cette voie, nous serons la première génération de l’histoire à laisser à nos enfants moins que ce que nous avons reçu de nos parents.

Et nos jeunes en payent déjà le prix.

C’est la raison pour laquelle vous verrez, au cours des prochains mois, le NPD rappeler l’importance d’investir dans notre jeunesse.

En ce moment, les jeunes diplômés frappent un mur lorsqu’ils arrivent sur le marché de l’emploi.

Les jeunes d’aujourd’hui sont la génération la
plus éduquée et la plus qualifiée que nous ayons jamais eue, et pourtant ils sont trop nombreux à être tout simplement incapables de développer leur plein potentiel.

Le taux de chômage chez les jeunes Canadiens continue d’osciller autour de 15 pour cent.

Une étude effectuée récemment par l’Université de Toronto et Statistique Canada démontre que le fait d’obtenir son diplôme collégial ou universitaire en période de récession a un effet dévastateur sur les perspectives d’avenir d’un jeune adulte.

Obtenir son diplôme pendant une récession crée un fossé salarial d’au moins 9 pour cent comparativement au fait de l’obtenir dans des circonstances économiques normales. Et les effets de ce fossé salarial peuvent perdurer pendant plus de dix ans, soit bien après la reprise économique.

Un ralentissement de l’activité économique qui semble temporaire peut ultimement gâcher le potentiel d’une génération entière.

Et l’incapacité de ce gouvernement à faire preuve de leadership ne s’arrête pas à nos propres frontières.

En 2009, j’ai eu la chance de participer à un colloque intitulé « Nouveau monde, nouveau capitalisme », organisé par l’ex-président français, Nicolas Sarkozy.

Des dirigeants du monde entier se sont réunis afin de développer une stratégie coordonnée face à la plus importante crise financière depuis la grande dépression.

Au Canada, notre premier ministre a affirmé qu’il n’y aurait pas de ralentissement économique ici, et qu’aucune mesure n’était nécessaire pour prévenir l’incertitude.

Le premier ministre a seulement accepté de prendre des mesures une fois que l'opposition l'a menacé de défaire son gouvernement minoritaire.

À l’heure actuelle, les États-Unis sont encore une fois près de retomber en récession. En janvier, ils étaient aux prises avec un « gouffre fiscal » de 5000 milliards $, et ils doivent se préparer à un autre pénible débat sur le plafonnement de la dette.

La crise européenne de la dette a encore une fois exposé l’économie mondiale à des risques économiques potentiellement catastrophiques alors que la crise de la dette souveraine pourrait devenir incontrôlable.

Encore une fois, notre gouvernement dort aux commandes, tout comme en 2008.

Plutôt que de se servir de l’expérience et de l’expertise canadienne pour jouer un rôle constructif, le premier ministre et le ministre des Finances dénigrent nos institutions internationales.

Au printemps dernier, un des principaux porte-parole du premier ministre au Parlement a qualifié nos alliés en difficulté de l’autre côté de l’Atlantique de « somptueux États providence européens ».

Personne n’oserait nier le fait que l’Union européenne est aux prises avec des défis hors du commun, ou qu’elle est ultimement responsable de son propre avenir.

Mais le fait qu’un représentant haut placé du gouvernement canadien fasse usage de ce genre de langage afin de décrire nos alliés alors même que se déploient des efforts internationaux pour éviter une catastrophe économique est d’une stupidité à couper le souffle.

L’analyse que font les conservateurs des perspectives économiques européennes est non seulement insultante, mais complètement erronée.

Bien qu’il soit vrai que l’Europe est aux prises avec une crise de la dette souveraine, cette réalité ne devrait pas masquer le fait que les origines de cette crise se trouvent dans le secteur privé.

Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone euro, en Islande, en Irlande, au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni, bref dans tous les pays à l’exception de la Grèce, cette crise n’a pas été principalement causée par des emprunts publics, mais par la trop grande dérèglementation des marchés de l’investissement bancaire et immobilier.

Il est peut-être pratique de jeter de blâme sur les « somptueux États providence européens »,mais nous ne nous rendons pas service en affirmant que les dépenses publiques sont à l’origine de cette crise, ou en disant que la solution est de mettre la hache dans les services publics.

À l’heure actuelle, le Canada fait figure de modèle sur la scène internationale en matière de réglementation financière.

Mais nous devons aussi nous rappeler qu’au cours des années 1990, nous n’étions pas à l’abri de la vague de déréglementations qui a déferlé sur le reste du monde industrialisé.

Au Canada, les chefs du Parti libéral et du Parti réformiste ont joint leur voix aux partisans de ces déréglementations.

C’est le NPD qui a tenu le fort contre les déréglementations financières dramatiques des années 1990. Aujourd’hui, de nombreux Canadiens se réjouissent du fait que nous ayons marqué notre opposition.

Cela dit, je ne vais pas prétendre que l’Europe n’est pas confrontée à de véritables défis budgétaires et je sais parfaitement que certaines rectifications sont nécessaires, mais c’est un processus qui va s’inscrire dans le long terme.

L’union monétaire européenne doit s’accompagner d’une union financière qui intégrera aussi bien l’économique que le politique.

Si cette union financière doit se réaliser, elle doit en retour s’accompagner de garanties de responsabilité financière, et ces garanties doivent être mieux respectées que par le passé. Nous savons tous cela.

Or, même s’il est important d’atteindre l’équilibre budgétaire à long terme, l’austérité immédiate n'est pas la solution si elle mine la reprise économique dont nous avons besoin pour renouer avec la prospérité et redonner aux gouvernements leur capacité financière d’agir.

Tout comme le Canada, qui doit adopter une approche équilibrée pour bâtir son économie, l’Europe doit trouver l’équilibre nécessaire pour résoudre la crise actuelle.

L’équilibre entre la responsabilité financière et le besoin de stimuler la croissance économique. L’équilibre entre l’union financière et l’autonomie nationale. L’équilibre entre les secteurs primaire, secondaire et tertiaire.

Le NPD continuera d’appuyer les efforts de l’Europe et de promouvoir les mêmes objectifs économiques ici au Canada.

Notre vision repose sur une conviction bien simple : le gouvernement ne devrait servir qu’un seul intérêt, celui du public.

Et c’est dans l'intérêt supérieur de tous.

Prenez cet exemple bien simple.

Le think-thank britannique Tax Justice Network estime qu’à l’heure actuelle, 32 000 milliards $ sont dissimulés dans des paradis fiscaux. Ce que l’OCDE confirme, avec des chiffres semblables.

Lorsque quelques individus malhonnêtes refusent d’assumer leurs responsabilités dans ce domaine, nous en payons tous le prix, y compris les personnes présentes dans cette salle.

Les gouvernements ne peuvent pas tout faire, et ne devraient pas tout faire.

Au 21e siècle, la route qui mène à la prospérité nécessite une approche équilibrée.

Heureusement, un secteur privé dynamique sera toujours au cœur de notre économie, en agissant comme moteur de notre croissance.

Mais le gouvernement a également un rôle à jouer pour bâtir un Canada plus juste et plus prospère. Pour créer l’environnement stable et prévisible dont dépendent les entreprises afin de réussir. Pour favoriser la productivité et la compétitivité grâce à des politiques économiques saines, dans le respect du développement durable.

Et pour préparer notre économie à répondre aux attentes et aux défis du 21e siècle. Que ce soit au niveau des connaissances, de la recherche, du développement ou de la formation de notre main-d’œuvre. Afin de développer chez nos travailleurs les compétences dont les employeurs ont besoin.

Comme vous le dirait n’importe quel connaisseur de la nouvelle théorie de la croissance, il existe un argument très persuasif pour convaincre les gouvernements de prendre une part plus active dans la science, l’éducation et l’innovation, c’est-à-dire que l’augmentation des connaissances est la seule manière de créer de la richesse en société.

Le rôle du NPD au cours des prochaines années, et mon rôle en temps de chef de l’opposition seront de faire en sorte que la vision que j’ai décrite ici aujourd’hui soit bel et bien réalisable. De prouver que les néo-démocrates sont des administrateurs publics sérieux et compétents.

Aux yeux des Canadiens, le NPD a longtemps été perçu comme un parti d’opposition.

Maintenant, il est temps de montrer que nous sommes aussi un parti de solutions, de montrer que nous sommes prêts à gouverner.

Et nous allons le faire en continuant d’expliquer notre vision d’une économie forte et équilibrée, une économie digne du 21e siècle.

Une économie qui vise la croissance à long terme grâce au développement durable. Une économie qui reconnaît l’importance du commerce avec nos partenaires, à condition que ce soit un commerce responsable. Et une économie qui crée des emplois à valeur ajoutée ici au Canada.

Bref, le NPD veut doter le Canada d’une économie qui crée de la richesse dans l’ensemble du pays, non seulement pour les générations d’aujourd’hui, mais pour celles de demain.

Merci.

[La version prononcée fait foi.]