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7 février 2013

Réorienter l’approche des relations internationales et commerciales du Canada

Discours de Thomas Mulcair au Conseil des relations internationales de Montréal

Depuis près de cent ans, le Canada évolue au rythme de ses relations avec l’étranger, et nos actions sur la scène internationale nous permettent d’exprimer et de définir nos valeurs les plus fondamentales : la paix et la sécurité, la prospérité et la justice sociale, la démocratie et la bonne gouvernance.

Ce sont des valeurs qui ont été à la base du rôle joué par notre pays à l'international, qui ont forgé notre réputation à l’étranger ainsi que la perception que nous avons de nous-mêmes en tant que Canadiens.

Ces valeurs historiques doivent continuer de guider nos actions au 21e siècle. De nos jours, c’est un lieu commun de dire que le monde est interdépendant.

Les frontières économiques s’effacent de plus en plus. L’information circule plus librement que jamais. Et des menaces qui nous semblaient éloignées autrefois posent de nos jours un danger imminent pour notre pays.

Pour cette raison, les gouvernements de partout sur la planète réalisent qu’une politique constructive et cohérente à l’international est essentielle pour réaliser leurs objectifs chez eux.

Pour les Canadiens, ça veut dire qu’on doit faire la promotion, partout sur la planète, de nos principes fondateurs que sont « la paix, l’ordre et le bon gouvernement ».

C’est cette approche qui a permis à notre pays de jouer un rôle de premier plan en tant que médiateur tout au long du 20e siècle, une approche que rejette le gouvernement conservateur, et qui est à la source de toute une série de revers essuyés par le Canada à l’étranger.

Le gouvernement de M. Harper a rompu avec une politique étrangère qui produisait des résultats, une politique qui faisait l’objet d’un large consensus depuis des décennies.

Ils ont tourné le dos au multilatéralisme ouvert et progressiste qui a fait la renommée du Canada et qui lui permettait de jouer un rôle prépondérant sur la scène internationale.

À la place, ils ont instrumentalisé notre politique étrangère, simplement pour répondre à des considérations partisanes.

Les intérêts d’un groupuscule idéologique ont pris le dessus sur l’intérêt public, et la petite politique de bas étage a pris le dessus sur l’exercice d’un véritable leadership et la réalisation d’une vision à long terme.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les conservateurs de Stephen Harper aiment bien le pouvoir, mais qu’ils n’aiment pas les responsabilités de la gouvernance.

Rien de surprenant, alors, à ce qu’ils n’arrivent pas à assumer la tâche dure mais nécessaire qui leur incombe avec les fonctions diplomatiques d’un gouvernement.

L’aveuglement idéologique du gouvernement fédéral est d’ailleurs en train de nous coûter très cher collectivement. En 2010, pour la première fois de notre histoire, le Canada a échoué dans sa tentative d’obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies. Plutôt que de perdre l’élection, le gouvernement a préféré retirer la candidature du Canada, simplement pour éviter l’humiliation historique qui nous attendait.

Soyons clairs : les raisons évoquées par les conservateurs pour justifier cet échec n’avaient rien à voir avec la réalité. C’est faux de dire que le Canada a été défait parce que nous sommes trop fermement engagés en faveur de la démocratie ou des droits de la personne.

En réalité, ce n’est pas un État voyou qui a provoqué notre défaite, que ce soit pour s’obtenir les faveurs d’un autre pays ou pour se venger contre une de nos anciennes prises de position.

Non, nous avons été défaits par l’Allemagne, défaits par le Portugal, défaits par les votes de certains de nos meilleurs alliés.

Maintenant, comment peut-on l’expliquer?

Nous sommes un des membres fondateurs des Nations unies, un des principaux concepteurs des forces de maintien de la paix de l’ONU.

Avec une feuille de route comme la nôtre, il va de soi que nous avions à jouer un rôle clé sur la scène internationale, et c’est ce que nous avons fait pendant des décennies, sans jamais que notre place soit remise en question.

Malheureusement, les choses ont changé.

Elles ont changé depuis que le gouvernement conservateur a renoncé au développement en Afrique, au maintien de la paix au Moyen-Orient et à la lutte aux changements climatiques.

Elles ont beaucoup changé depuis que M. Harper a renié nos responsabilités à l’international et toutes ces grandes réalisations qui faisaient autrefois notre fierté.

Et croyez-moi, le reste du monde s’en est rendu compte.

Au moment de livrer un témoignage devant le Comité des affaires étrangères en 2009, un groupe de 18 diplomates africains a pris la décision inhabituelle de critiquer le désengagement du gouvernement envers l’Afrique.

Il est assez rare de voir des diplomates faire des remontrances en public. Mais visiblement, ils ont trouvé la situation suffisamment grave pour la dénoncer.

Ces diplomates ont exprimé des inquiétudes sur la fermeture de certaines ambassades canadiennes et sur le recul de notre diplomatie en Afrique. Rappelons que le Canada s’est retiré du Gabon, du Malawi, de la Guinée, et que les prochaines ambassades à passer au couperet sont celles de la Tunisie et du Cameroun.

Les diplomates ont aussi dénoncé les compressions dans l’aide au développement destinée à certains des pays les plus pauvres d’Afrique.

L’Agence canadienne de développement international, qui a pour mandat de réduire la pauvreté mondiale, est désormais utilisée pour remplir des objectifs économiques.

L’ACDI s’est tournée vers des pays à revenu moyen d’Amérique du Sud, là où le Canada a des intérêts commerciaux, et c’est l’Afrique qui a fait les frais de ces nouvelles priorités gouvernementales : huit pays africains ont été rayés de la liste des pays prioritaires de l’agence.

En même temps, par choix idéologique, des groupes évangéliques reçoivent dorénavant de plus en plus de subventions de l’ACDI : plus de religion, moins de nutrition.

Voyant ça, faut-il se surprendre qu’on perde l’appui des Africains aux élections pour le Conseil de sécurité de l’ONU?

Dans un autre dossier d’importance, celui de la langue française en Afrique, qui devrait pourtant être une priorité pour le Canada...

Notre gouvernement a fait preuve d’un laxisme inadmissible.

L’avenir du français se joue en Afrique. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Organisation mondiale de la Francophonie.

Pourtant, au lieu de travailler pour sauvegarder cet avenir linguistique, un avenir qui est si étroitement lié à celui de notre propre culture, le gouvernement se désengage de ses obligations envers la Francophonie.

Il n’y a pas si longtemps, il a décidé d’abolir complètement sa contribution
à la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie.

Quel gâchis! Quelle honte!

Nous avons l’obligation de nous réengager, plus résolument que jamais, auprès de la francophonie mondiale. Je peux vous assurer qu’une fois au pouvoir, le NPD en fera certainement l’une de ses priorités!

L’an dernier, la décision des conservateurs de rompre avec notre tradition d’une politique étrangère constructive et multilatérale nous a coûté une autre tribune pour faire valoir nos intérêts.

Cette fois, c’était un siège au Sommet de l’Asie de l’Est.

Pour un gouvernement qui se décrit comme un apôtre du commerce international, c’est un échec qui risque d’être difficile à avaler.

Le Canada vient de rater sa chance de prendre part à un forum de discussions où sont conviées les premières puissances économiques du monde : des discussions entre la Chine, le Japon, l’Inde, les États-Unis, y compris les représentants de certains marchés émergents comme le Vietnam.

Et aujourd’hui, nous connaissons les raisons de cet échec.

Nous en avons eu la confirmation directe de la bouche même du Secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Il a dit, et je cite : « L’intention est là. Le nom est là. Mais il ne semble pas y avoir d’efforts soutenus pour se mettre en valeur » de la part du Canada.

En d’autres mots, notre leadership s’est affaibli à cause des décisions des conservateurs.

Plus inquiétant encore, c’est la réaction du gouvernement Harper à ses échecs à l’étranger.

Dans une analyse des plus tordues, les conservateurs en sont venus à croire que notre défaite à l’ONU devait être une source de fierté.

Aussi incroyable que cela puisse paraître : le ministre des Affaires étrangères, John Baird, s’est targué du fait que son gouvernement a renié l’héritage de Lester B. Pearson en matière d’affaires étrangères.

Dans la foulée de son attaque sans précédent contre l’ONU, il a même décrit l’approche traditionnelle du Canada comme une « parenthèse » dans l’histoire de notre pays.

C’est toute une rupture, quand le ministre chargé de définir nos relations à l’étranger voit le rôle de médiateur assumé par le Canada au cours des soixante dernières années comme une « parenthèse », voire même comme une erreur de parcours.

Le problème, c’est que M. Baird, et le gouvernement dont il fait partie, voient le monde à travers le prisme d’un passé révolu. Leur programme social n’a pas évolué depuis les années 50, et leur politique étrangère est enfermée dans une vieille mentalité des années 40. Comme si le monde se divisait simplement en bons et en méchants...

Eh bien, j’ai des nouvelles pour les conservateurs : le monde s’est complexifié depuis la fin de la Guerre froide il y a vingt-cinq ans. En s’obstinant à ignorer cette nouvelle réalité, les conservateurs nous bloquent l’accès à un grand nombre de leviers d’influence et de pouvoir.

En échouant dans notre tentative d’obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, et une place aux rencontres du Sommet de l’Asie de l’Est, en sabrant le financement des programmes d’échanges culturels avec d’autres pays, et en démantelant les activités de Radio-Canada International, les conservateurs ont royalement raté des occasions en or d’améliorer l’image du Canada aux yeux du monde, et ont nui, par le fait même, aux intérêts de notre pays.

Traditionnellement, le rôle du Canada a été celui d’un pays indépendant dans ses choix et guidé par ses principes et ses valeurs.

Cet héritage d’indépendance et d’engagement, qui a été abandonné par les conservateurs, était pourtant fondamental pour maximiser notre influence comme puissance moyenne, tout particulièrement pendant la Guerre froide.

À cette époque, peu importe le gouvernement en place, le Canada pouvait être considéré comme un médiateur fiable.

Nous étions fiables en ce sens où nous prenions position selon nos principes, nos valeurs et nos idéaux, même si cela voulait dire de ne pas toujours donner raison à nos alliés.

Ce leadership moral n’était pas seulement le reflet de nos valeurs, mais aussi le meilleur moyen de promouvoir nos intérêts.

Grâce à ce leadership, le Canada a pu offrir une contribution notable aux efforts internationaux pour mettre fin à l’apartheid par exemple.

À cette époque, le Canada avait contribué au durcissement des sanctions internationales, il avait interdit les ventes d’armes, et il avait combattu les efforts de propagande du régime d’apartheid à l’intention de la communauté mondiale.

Il aurait sans doute été plus facile, pour le gouvernement Mulroney de l’époque, de s’aligner sur les politiques d’autres pays occidentaux.

Mais je me souviens comment les progressistes-conservateurs avaient travaillé conjointement avec notre ambassadeur de l’époque aux Nations unies, Stephen Lewis, pourtant un ancien chef du NPD en Ontario.

Au grand dam de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, nous avions un gouvernement qui savait faire preuve d’initiative à l’international... Et les résultats étaient au rendez-vous.

Aujourd’hui, le Canada et la communauté internationale sont confrontés à de nouveaux défis, mais ça ne veut pas dire que notre approche historique, fondée sur le multilatéralisme, doit changer.

Au lieu de voir les acteurs non-étatiques, les révolutions, et les nouvelles technologies comme des obstacles, il faut les voir comme des défis à relever.

Regardons par exemple ce qui se passe dans les pays qui ont vécu le printemps arabe. C’est toute une génération de jeunes qui s’est levée pour faire entendre sa voix. Ils ont demandé du changement. Ils ont dit que le statut quo n’était plus acceptable.

Et aujourd’hui, on se rend compte que leurs rêves et leurs aspirations ne tiennent qu’à un fil.

La démocratie, c’est bien plus que se rendre dans l’isoloir pour cocher une case sur un bulletin de vote. Si l’on veut réellement concrétiser nos rêves de paix, de prospérité et de dignité, il faut se doter d’institutions solides, d’une culture politique qui protège et défend des valeurs universelles.

Il faut s’assurer que les droits des minorités ne sont pas bafoués, et il faut défendre une égalité réelle pour toutes les femmes.

Ici au Canada, nous avons réussi à obtenir la paix et la prospérité dans une fédération qui rassemble des collectivités de langues et de cultures différentes.

Cette réussite est peut-être l’un de nos meilleurs atouts sur la scène internationale. Nous pouvons et nous devons redevenir un modèle de démocratie.

Nous sommes confrontés à des choix. Allons-nous réagir par la peur, par la méfiance, et risquer d’approfondir ce qui nous divise? Allons-nous rester sans rien faire, et laisser les démocraties émergentes retomber entre les mains de dictateurs? Allons-nous laisser passer cette occasion historique? Ou allons-nous enfin passer à l’action?

Les conservateurs ont promis, autant en campagne électorale que dans leur discours du Trône, la création d’une nouvelle agence chargée de faire la promotion de la démocratie à l’international. On s’en doute, cette agence aurait pu avoir un rôle clé en ces temps de bouleversements majeurs dans le monde arabe.

Mais comme tant d’autres, cette promesse n’a jamais été respectée.

Pire encore, dans les années qui ont suivi, Droits et démocratie — qui avait justement le mandat de développement démocratique — a été sournoisement démantelé par le gouvernement conservateur.

Rappelons le départ plein d’espoir de cet organisme créé par le gouvernement Mulroney avec à sa tête Ed Broadbent.

Aujourd’hui, on ne peut que constater que son démantèlement était une bourde historique.

Encore et toujours, les conservateurs ne comprennent pas la différence entre les intérêts partisans et les principes. Ils ont mis l’obsession idéologique au cœur de leur politique, sans se soucier des impacts que cela aurait.

Si cette tendance est déjà manifeste dans leur politique étrangère, il en va de même pour le commerce international.

Les conservateurs aiment particulièrement vanter leurs efforts pour ouvrir des marchés internationaux aux exportations canadiennes. À les écouter, on pourrait croire que ces efforts ont tous été couronnés de succès. Pourtant, un léger survol de leur vrai bilan tend plutôt à démontrer le contraire.

Pendant les sept années qui ont suivi l’arrivée au pouvoir des conservateurs,
le Canada a profité d’une véritable explosion dans la demande mondiale pour les matières premières.

Malheureusement, la croissance de nos exportations de ressources naturelles s’est soldée par une diminution encore plus importante des exportations à valeur ajoutée.

Même s’ils ont hérité d’une décennie de surplus commerciaux, les conservateurs ont réussi à transformer ces surplus en un déficit de 50 milliards de dollars par année, le pire jamais enregistré, malgré l’exportation du pétrole.

Et ce déclin brutal de notre balance commerciale ne s’explique pas par une soudaine augmentation des investissements étrangers ou même par des acquisitions de biens ou d’équipement.

C’est un déclin qui s’explique par l’explosion de la dette du gouvernement fédéral, et qui est empiré par la dette croissante des ménages.

L’approche étroite et irresponsable des conservateurs cherche à favoriser certains secteurs plutôt que d’autres, et le résultat d’une telle approche a été de déstabiliser l’économie équilibrée que nous avions mis des décennies à bâtir depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Pire : les conservateurs ont mis tous leurs œufs dans le panier de l’exportation des ressources naturelles, mais ils n’arrivent même pas à gérer ce secteur de façon efficace.

Alors que le Canada négocie un nouvel accord économique et commercial avec l’Union européenne, on commence à entendre des voix s’élever, de l’autre côté de l’Atlantique, pour prendre en considération les échecs du gouvernement conservateur en matière d’environnement.

Des échecs lamentables qui ont été détaillés par le commissaire fédéral à l’environnement et au développement durable plus tôt cette semaine.

Vous le savez : les conservateurs saccagent nos protections environnementales pour ouvrir grandes les portes, coûte que coûte, aux projets d’exploitation des ressources naturelles.

Mais voilà que ces attaques contre l’environnement reviennent hanter les conservateurs.

Les personnalités du milieu des affaires l’ont compris : toute croissance doit s’accompagner d’une responsabilité sociale des entreprises, mais les conservateurs refusent d’accepter cette réalité. Ils préfèrent s’enfoncer la tête dans le sable, même au risque de nuire aux intérêts qu’ils sont censés défendre.

Leur gestion des investissements étrangers est certainement l’un des meilleurs exemples de l’improvisation et de l’incurie des conservateurs en matière de commerce international.

Quand il doit prendre des décisions, le gouvernement tergiverse, invente des règles au fur et à mesure, et fait ses annonces le vendredi soir à minuit moins cinq.

On voit les marchés être plongés dans l’incertitude. Et pourquoi ça?

Parce qu’il y a deux ans, ils ont promis de modifier la Loi sur investissement Canada et de clarifier les critères des acquisitions étrangères… Mais, encore une fois, c’était des paroles en l’air!

Le premier ministre n’a pas clarifié la notion d’« avantage net pour le Canada » contenue dans la loi. En plus, il s’est arrogé le droit d’approuver toute prise de contrôle étrangère lors de « circonstances exceptionnelles ».

Les Canadiens et les investisseurs doivent maintenant essayer de deviner ce que l’on entend par des « circonstances exceptionnelles ».

Si le but était de créer de l’incertitude en rajoutant de la confusion à celle qui existait déjà, c’est réussi.

Ce qui est le plus troublant, c’est qu’après 17 ans de négociations avec la Chine sur un accord de promotion et de protection des investissements, les ministres conservateurs semblent avoir mal évalué l’impact de cet accord sur la propriété de nos richesses naturelles.

Avec la ratification de ce traité, les entreprises d’État chinoises obtiendront les mêmes droits que les entreprises d’ici pour étendre leur contrôle sur nos ressources naturelles.

Dans la pratique, ça voudrait dire que les provinces pourraient perdre le contrôle sur la vente des permis d’exploitation du pétrole et du gaz. Et que nous n’aurons plus moyen de maîtriser nos ressources naturelles.

Quand on interroge les conservateurs au Parlement à ce sujet, ils répondent candidement que la Loi sur Investissement Canada va continuer de s’appliquer dans le cas de nouvelles acquisitions. Bref, ils ne comprennent pas qu’ils sont obligés d’encadrer les entreprises étrangères qui sont déjà actives sur le sol canadien.

Nous voulons faire tomber les barrières commerciales qui nous divisent, réduire les tarifs et combattre le protectionnisme. Nous voulons aussi responsabiliser nos entreprises qui travaillent à l’étranger et exiger un minimum de respect des droits de la personne.

Si nous pouvons signer des accords de libre-échange pour mettre en place des mesures de protections des investisseurs, je suis convaincu que nous pouvons faire de même pour les droits des travailleurs et de l’environnement.

Si nous pouvons faire tomber les barrières qui séparent les continents, nous pouvons aussi créer une économie plus juste, plus verte et plus prospère — pour tous et pour toutes. Pas juste aujourd’hui, mais pour les générations à venir.

C’est une coïncidence heureuse que j’aie été invité à m’adresser à vous aujourd’hui, alors que les négociateurs canadiens et européens essaient de finaliser un nouvel accord économique et commercial.

Le NPD est enthousiaste à l’idée d’approfondir et d’élargir nos liens commerciaux avec l’Europe.

Comme deuxième partenaire commercial du Canada, l’Europe est certainement l’un de nos alliés les plus précieux.

Nous partageons un engagement commun envers des normes environnementales et sociales élevées, et nous travaillons tous deux à l’amélioration de la qualité de vie de nos citoyens. Nos liens ne sont pas uniquement économiques, mais également culturels et historiques.

Un accord avec l’Europe est exactement ce que nous voulons, et nous le voulons à l’image de nos idéaux politiques et sociaux.

Je pense même que nous pouvons servir de modèle pour d’autres relations économiques, culturelles et historiques à travers le monde.

L’accord qui est négocié actuellement en est un de deuxième génération, c’est-à-dire qu’il va beaucoup plus loin que les frontières traditionnelles du commerce. On y retrouve des mesures qui pourraient avoir de vastes implications pour nos soins de santé, sur la propriété intellectuelle et sur la sécurité alimentaire.

Certaines de ces mesures pourraient aller à l’encontre de nos stratégies historiques de développement économique, y compris celles avec les premières nations. D’autres pourraient augmenter le coût des médicaments dont une personne malade n’a pas le loisir de se passer.

Comme chef de l’opposition officielle, je vais tout faire pour m’assurer que cet accord réussisse effectivement à augmenter nos échanges avec ce partenaire économique vital, mais que ça se fasse dans le respect des intérêts du Canada et des Canadiens.

Il y a quatre ans, le gouvernement Harper était resté les bras croisés pendant qu’une crise économique frappait à l’étranger et s’approchait à grande vitesse de nos frontières. Mais in extremis, nous avons réussi à leur forcer la main pour qu’ils agissent.

Actuellement, les choses s’améliorent, mais le système financier mondial demeure fragile. Nous pouvons être optimistes, mais nous devons rester vigilants.

Et ce n’est pas le cas seulement pour l’Europe, mais aussi pour les États-Unis. C’est pourquoi il demeure extrêmement important que les autorités américaines réussissent à régler la question budgétaire d’ici au 3 mars prochain.

Aujourd’hui, notre économie est confrontée à des défis immenses, comme nous n’en avons pas vu depuis la Grande Dépression.

Mais notre capacité d’intervention existe toujours. Ce qu’il nous manque à Ottawa, c’est de la volonté politique.

Que ce soit au Canada ou à l’étranger, le NPD continuera de travailler au développement de notre économie, mais toujours dans le respect du développement durable.

Le NPD continuera aussi de chercher le moyen d’approfondir nos liens commerciaux avec le reste du monde, mais toujours à condition que ces liens soient équitables et nos obligations réciproques.

Et, bien sûr, notre équipe continuera de travailler avec tous ceux qui partagent la vision d’un monde plus sécuritaire et plus prospère, mais à condition que cette prospérité soit là pour tout le monde.

Merci.

[La version prononcée fait foi.]